electric shadows
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chapitre un - les sirènes du tunnel
 
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la tête coincée dans la matrice ≠ hamilton

Ambrose
Ambrose
redlight nightmares
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PUF : mojo / vic
Mar 15 Aoû - 21:29
Ambrose
LA TÊTE COINCÉE DANS LA MATRICE
la tête coincée dans la matrice ≠ hamilton Pimh

Et il s'enfonce là-dedans, les pieds qui caressent le sable et les yeux qui vont bientôt devenir aveugles. Son seul guide, c'est ses visions, il ne peut se raccrocher qu'à ça. Ambrose est crade, il a de la boue et des égratignures partout, les crins qui collent et qui sont complètement emmêlés, les yeux rouges alourdis par les cernes. Il a à peine dormi, parce que ces putains d'hallucinations lui mordent le cerveau comme un chien enragé, sans jamais lâcher, pour déchiqueter et lacérer. Alors il a marché, jusqu'à ce que ses muscles lui hurlent de s'arrêter, jusqu'à ce que ses jambes peinent à le porter, que sa gorge soit aussi sèche qu'un désert et son estomac aussi vide que son cœur. Il a hésité à peine deux secondes avant d'entrer, mais c'est comme s'il était resté planté là pendant des heures. Les mauvais souvenirs ont ressurgi. Les flancs creux et froids du cadavre de son père, devant ses yeux d'enfant à l'esprit fragile comme une coquille d'oeuf. Les regards torves et les insultes qui l'attaquaient de partout comme des coups. Est-ce que ça s'en va, ce genre d'hématome, au moins? Jamais Rosie ne ressentira la nostalgie, c'est malsain, c'est naïf. Il sent encore l'hypocrisie de merde de ces sales chiens sur sa peau, comme de la colle, mais ils sont loins maintenant. Jamais plus loin que son père, qui ricane encore dix pieds sous terre, mais bien assez loins pour enfin libérer sa colère. Il a toujours pensé que le passé ne pouvait être pire, et même face au noir qui essaye de l'engloutir, il continue à le penser. Rien de pire. Il n'espère plus rien, maintenant, c'est fini. Y a peu d'espoir que les gens changent comme y a peu d'espoir que la vie change, ça paraît logique, non? Alors faut pas s'attendre à grand chose, même pour ce qui l'attend de l'autre côté. La seule chose qu'il n'a pas envie de trouver, c'est la mort, et c'est peut-être ça qui l'attend là-bas. Et ça, il veut pas. Crever seul, oublié et ridicule, sa carcasse bouffée par les rats, le bouquet final de sa vie. Le karma, sûrement. Plus d'honneur mais le karma, ça règne pour toujours.

Donc voilà, Ambrose se lance. Y a des peintures étranges au mur, des hommes peut-être, ils sont noirs, blancs, et rouges, l'air bestial et menaçant. Avec le peu de lumière qui reste de l'extérieur, il voit aucune trace dans le sable, seulement celle des rats et du vent. Et s'il est le premier? Personne ne viendra l'aider, personne ne sera là pour lui. Comme d'habitude, mais bon.  Il pourra toujours revenir sur ses pas, de toute manière, même s'il le fait rarement.

Les ténèbres l'avalent comme un misérable. C'est le noir, c'est silencieux, y a juste le vent hésitant qui l'accompagne de loin. Il entend son propre souffle, court, crispé sous la concentration. Voilà, ça y est, il est aveugle. Rien devant, rien derrière, il a perdu son sens de l'orientation, ne sait plus par où il est entré. Et si c'était un piège, vieux comme le monde, et qu'il était l'énième abruti à y entrer? Ses muscles se tendent sous sa peau, ça l'aide à savoir où est son corps dans le noir. Il serre les dents, prêt à fuir. Mais qu'est-ce qu'il est venu foutre ici, bordel? Ce tunnel il mène à rien, ça se trouve. À une impasse, à la métaphore de sa propre vie. Il recommence à marcher, doucement, droit dans un des murs humides qui viennent râper sa peau. Il sursaute à son contact, nerveux. Et puis il ricane doucement, toujours aussi nerveusement, parce que putain il a eu peur d'un mur. Et s'il s'aide de ça ? S'il reste en contact avec, il marchera droit, droit vers l'inconnu.

Et puis il entend un bruit, pas très loin derrière. Un bruit de pas dans le sable. Rosie se fige, son souffle se coupe, ses mâchoires se serrent violemment. Il essaie de voir quelque chose, mais il est dans le noir, putain, jamais il verra quoi que ce soit ! Tais-toi. Tais-toi. Silence. Faut qu'il se calme, il ne doit pas être détecté. Alors il écoute, faut écouter. Il hésite à parler, mais ce serait une erreur, comme toujours. Ses yeux sont obstinément tournés vers le danger, alors que c'est inutile, mais c'était l'instinct qui parle. Pas d'odeurs, rien que cette foutue humidité qui pue le moisi. C'est la merde, la peur siffle et crache jusque dans ses oreilles.
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Hamilton
Hamilton
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Mer 16 Aoû - 17:39
Hamilton

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Flame.
Ft. Ambrose


Surprise ? M'attends-tu ? Oh, quelle question ! M'avais-tu déjà regardé au point de lire tout l'amour dans mes yeux ? Pourquoi m'attendrais-tu, à présent ? Et puis, cette attente serait vaine. Tu sais très bien que l'on ne se reverrait jamais. Je le sais très bien. Nous ne sommes pas destinés aux mêmes paradis, si la Mort n'est qu'une porte. Je suis démon et tu es ange. C'est aussi simple que ça. Mais dans la pierre, dans les ténèbres vides de mon cœur, ton nom restera gravé à jamais. Vais-je t'oublier ? Quand je ne serais plus, peut-être même avant, quand je perdrais l'esprit – il n'est déjà plus très sain. Vais-je oublier ton visage, ta tendresse, ton nom ? Comment pourrais-ce être possible ? Tu me hantes. Tu es tout mon univers. Il n'y a rien d'autre que toi. Et tu combles ce gouffre moisissant de ta présence éternelle.
Mon sabot effleure le sable. Poussière inanimée, morte. Peut-être simplement ce qu'il reste de ceux qui m'ont précédé. Pourtant, le sable est retourné en traces régulières, marquant un passage. Précédé de peu, visiblement. Surprise ? Est-ce vraiment toi, qui m'as entraîné ici ? Où m'emmènes-tu donc ? Mon regard croise les murs. Il effleure avec indifférence des dessins. Indifférence ? Non, en fait. Ce serait plutôt une sorte d'amusement. On dirait les dessins d'un enfant. Pourtant, quel enfant irait dessiner de pareils humains ? Pâles, couverts de ce qui passerait pour du sang, ils adoptent des postures que je qualifieraient de menaçantes. C'est amusant. Divertissant, tout du moins. Et je m'enfonce dans l'obscurité.

La lumière qui parvient à briser ces ténèbres vacille, décline, disparaît. Tout entier avalé par le noir, je ferme les yeux, je m'arrête, j'inspire des parfums de moisissure. Mes sens, privés de leur compagne vue, se déploient et sortent de leur torpeur. Les sons se font plus nets, les parfums plus prenants, les sensations plus précises. Obscurité abyssale, silence perturbant, effluves dérangeantes, sensations glaçantes, goût amer. Au fond, peut-être est-ce là ma place. Lieu aussi vide, aussi sombre et moisi que mon être.
Je reprend mon chemin, effleurant de mon flanc le mur, me demandant si le souffle glacial qui chatouillait l'autre n'était que celui du vent lointain, ou marquait la présence de Surprise, là, à mes côtés, me soutenant en m'entraînant vers l'abîme où j'allais enfin mourir. Laissez-moi mourir...
Je m'arrêtais et dressais de nouveau l'oreille en entendant un son sourd qui résonna entre ces murs invisibles, évoquant celui de quelque chose entrant brutalement en contact avec un matériau dur et impassible. Un peu trop gros pour être un ras, au vu du bruit. Sans doute un imbécile s'assommant contre un mur. C'est que qui eût paru le plus probable. Un léger ricanement s'en suivit, où perçait une nervosité évidente. Un sourire vicieux s'étendit un instant sur mes lèvres, tandis que je songeais à faire une belle frayeur à celui qui visiblement s'affolait déjà bien suffisamment. Mais je me ravisais, n'ayant pas particulièrement envie de me retrouver bloqué par le cadavre d'un crétin qui aurait fait une crise cardiaque. A mesure que j'approchais, j'entendais le souffle saccadé de l'autre se faire plus distinct. Je pouvais sentir son odeur, ressentir sa présence, juste à côté. Nul besoin de voir. La peur du noir ? De la mort ? Qu'est-ce qu'il était venu foutre là celui-là encore, terrorisé comme il l'était ?

« Je suis sûr qu'on t'entend de l'autre côté de ces ténèbres, chéri. Tu devrais faire moins de bruit si tu veux pas te faire bouffer par les rats. » lâchais-je.

Je le contournais en le frôlant, ne ressentant pas l'intérêt de rester coincé derrière ce froussard qui devait avancer au rythme effréné d'un escargot. Il n'aurait pas pu choisir de longer l'autre mur, lui ? Ou plutôt de s'y assommer. Un instant, nos flancs se frôlèrent, avant que je ne passe devant lui et me rabatte sur le mur, de mon pas toujours monotone et impassible.


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Ambrose
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redlight nightmares
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Mer 16 Aoû - 18:58
Ambrose
LA TÊTE COINCÉE DANS LA MATRICE
la tête coincée dans la matrice ≠ hamilton Pimh

Y a vraiment quelqu'un qui s'approche, ses pas écrasent les infimes grains de sable qui tapissent le tunnel. Et comme il s'approche, Ambrose inspire son odeur. C'est un étalon, c'est sûr, il le sent. Il ne sait pas s'il doit être rassuré ou agacé, on va bien voir. Mais son angoisse s'éteint brusquement : si lui ne peut pas voir, alors l'autre non plus. Soit ils sont tous les deux en danger, soit aucun d'eux ne l'est. Il est proche, Ambrose entend même le bruit de lèvres qui s'étirent. La présence de l'inconnu s'infiltre dans ses oreilles, dans ses naseaux, dans sa bouche, il est partout dans le noir, comme s'il y était dilué. Et une voix moqueuse et légère qui tinte et éclate dans l'air, comme un bulle qu'on vient de percer. Rosie tourne sa tête vers le mâle, et même si personne ne peut le voir, il a un rictus moqueur, le rictus d'un mec qui s'en branle de toi mais que tu l'amuses quand même. Le sourire insupportable.

– Mais dis-moi, on fait de l'humour par ici, qu'il lâche, avec son sarcasme habituel. Il a au moins le mérite d'avoir un peu de répartie. Et l'autre l'effleure, ses flancs, sa peau, quand il lui passe devant. Les oreilles de Rosie se plaquent contre son crâne noir, mais son sourire sardonique ne s'efface pas. Il est pas super fan du contact physique. Disons qu'il est pas franchement habitué. Et il passe devant en plus, quel courage, dit-il sans un semblant d'admiration, mais avec un sale ton provocateur. C'est comme ça, il a toujours besoin de rabaisser les autres pour s'élever. Chacun ses techniques, on va dire.

Au moins, s'il leur arrive de la merde, Ambrose sera pas le premier à prendre. Bon plan. Il laisse s'éloigner l'autre, et se remet en marche en suivant sa trace. Ce noir, il finira jamais, c'est l'éternité. Il ne sait même plus quand ça s'est commencé, et encore moins quand ça finira. De toute façon, il n'a pas le choix : soit il marche, soit il crève ici. Alors autant marcher. L'autre n'a pas l'air super nerveux, alors soit il connaît, ce qui est bizarre, soit il craint vraiment pas les merdes. C'est tout bénef pour Ambrose, au moins il sait ce qu'il fait. Ambrose est un parasite, un profiteur, mais qu'est-ce qu'il s'en fout, ça l'empêche certainement pas de dormir la nuit. Enfin c'est ce qu'il croit.
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Hamilton
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Jeu 17 Aoû - 18:17
Hamilton

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Flame.
Ft. Ambrose


« Et il passe devant en plus, quel courage ! »

Je laissais échapper un rire moqueur. C'est sûr que, lui, avec son courage digne d'un poulain, il ne pouvait probablement pas comprendre qu'on puisse n'en avoir royalement rien à foutre d'un simple tunnel, aussi sombre soit-il. Et puis, même s'il y avait quelque chose tapit là-bas, il n'aurait qu'à me bouffer, je m'en moquais. Et même : j'en serais terriblement heureux. Je n'avais rien à perdre.

« Oh, excuse-moi, j'oubliais la grandeur divine de ton propre courage lorsque tu t'assommes dans un mur. » répliquais-je mielleusement en continuant mon chemin.

Il s'était arrêté, laissant la distance se creuser entre nous. Bientôt le silence avala son souffle, et il disparut dans ces ténèbres comme s'il n'avait jamais existé. Pourtant, en tendant l'oreille vers l'arrière, je pus encore le percevoir quelques instants après, accompagné des bruits légers de ses pas. Alors, il était réel. Je ne sais pas si j'en étais heureux ou énervé. Au fond, sans doute que je m'en moquais éperdument. La seule qui m'importait n'était plus. Et mon esprit avide de sa présence la faisait revivre, comme pour m'obliger à souffrir encore de savoir qu'elle ne serait plus jamais là. Au fond, c'était seulement ça. Fantôme de souvenirs, fantôme de douleur. Tout cela n'avait probablement jamais existé. Et c'était moi-même qui m'étais jeté dans cette obscurité méphitique.

« Pourquoi es-tu venu te perdre là-dedans, toi ? » jetais-je d'un ton impassible.


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PUF : mojo / vic
Ven 18 Aoû - 0:59
Ambrose
LA TÊTE COINCÉE DANS LA MATRICE
la tête coincée dans la matrice ≠ hamilton Pimh

Les piques d'Ambrose ont l'effet escompté sur l'inconnu, qui réplique avec un rire moqueur et à peine audible. La tension qui tirait ses muscles s'est envolée dès l'instant où cette bête qui venait de derrière lui s'était révélée être un autre abruti comme lui, borné et paumé au point de venir se perdre dans ce vieux trou perdu. À la réponse de l'autre, Rosie ricane à demi, amusé et dégoûté en même temps d'avoir été pris sur le fait. Et puis il se dit que c'est la dernière fois qu'il se comporte comme la dernière des loques. Et puis de toute façon, de quoi on peut encore avoir peur quand on est seul et qu'on a aucune chance de remonter à la surface? Il suit, comme ça, l'autre mâle, parce qu'il va le traverser ce foutu tunnel, et découvrir ce que son esprit lui a hurlé de rejoindre pendant des jours, des jours et des jours. Parce que c'est forcément son propre subconscient, Ambrose est pas du genre à penser qu'il y ait une force supérieure qui les espionne de là-haut.

Il essaie de trouver un point de lumière droit devant lui, en se demandant si c'est bientôt fini, parce que Rosie n'a jamais été très patient, et il ne le sera pas plus à cet instant. Il n'a même pas besoin de regarder ce qui peut potentiellement lui bloquer la route, puisque les pas de l'autre lui servent de guide. La voix de l'autre perce le noir et ricoche contre les murs humides et pourrissants. Ambrose serre les dents, et les muscles de sa mâchoire roulent furieusement sous sa peau.

– On est vraiment obligés de se taper la discussion? Je suis pas super bavard comme gars, tu m'excuseras, dit-il, d'un ton plus agressif qu'à l'instant d'avant. C'est un peu intrusif, quand même. Et qu'est-ce qu'il va lui répondre, de toute manière? Qu'il a vu des trucs dans sa tête et qu'il les a aveuglement suivis? Y en a marre de passer pour le dégénéré de service. Et puis il soupire. Qu'est-ce que ça fait, au pire, il a déjà zéro honneur, la pire réputation du monde, alors qu'est-ce que ça peu bien foutre, sérieusement? En fait, il s'en fout. Un de plus, un de moins, ça change rien, rien du tout. Ça fait plusieurs jours que j'rêve non stop de ce tunnel, que j'dorme ou pas. Et vu que j'avais plus rien à perdre, j'me suis cassé et j'suis arrivé là-dedans. Il dit ça d'un ton blasé et limite excédé, tellement ça va être dur à avaler pour l'autre. Tant pis pour sa gueule, il avait qu'à pas demander. Et toi? T'es là par hasard ou y a autre chose? qu'il répond, avec son rictus narquois. Ça risque d'être long, alors autant passer le temps, il a rien d'autre à foutre, de toute manière.

Il commence à se familiariser un peu avec l'obscurité, et il reprend son habituelle démarche lente et nonchalante, maintenant qu'il sait où mettre les pieds.
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Hamilton
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Mar 22 Aoû - 1:01
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Flame.
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« On est vraiment obligés de se taper la discussion ? Je suis pas super bavard comme gars, tu m'excuseras »

Tais-toi donc, si tu ne veux pas parler. Je ne t'y ai jamais obligé. songeais-je, moqueur. Je secouais l'encolure, comme pour chasser l'humidité qui se glissait jusque dans ma crinière. Le silence reprit son règne quelques instants, brisé seulement par le son de nos pas. Et par le soupir de mon invisible interlocuteur.

« Ça fait plusieurs jours que j'rêve non stop de ce tunnel, que j'dorme ou pas. Et vu que j'avais plus rien à perdre, j'me suis cassé et j'suis arrivé là-dedans. » lâcha-t-il encore, d'un ton qui se voulait indifférent.

Tiens-donc... Crois-tu vraiment que tu n'as rien à perdre ? Tu as tremblé, et cela montre ton tord. S'il pensait pouvoir me faire croire à ces sornettes, il se méprenait. S'il savait quel vide me rongeait... Absence des battements d'un coeur, vie superficielle, mort artificielle. Et il croyait connaître tout ça ? Ce sentiment - ou plutôt, cette absence de sentiments - qui torture votre être comme un ultime bourreau alors que tout autour de vous tombe en poussière ? Il croyait vraiment ne plus rien avoir à perdre ?
Alors ainsi, lui aussi voyait ce lieu depuis bien trop longtemps ? Surprise, Surprise, est-ce vraiment toi qui m'a guidé jusqu'ici ? N'es-tu qu'une divagation de mon esprit ? N'es-tu que des illusions éphémères, nées d'une âme, nées d'un cœur trop faible ? Trop niais ?

« Et toi ? T'es là par hasard ou y a autre chose ? » acheva-t-il avec une touche railleuse dans la voix.

Je laissais échapper un petit rire, qui résonna entre les murs impassibles du tunnel. Je ne pouvais que douter que l'on puisse tomber dans un tel endroit du fait des aléas de la vie. Non, le hasard n'était décidément pas le bienvenu dans cette obscurité.

« Disons que... C'est à peu près comme toi. A quelques différences près. » répondis-je d'un ton léger et amusé.

Comme si tout cela était un jeu. La vie est un jeu, de toute façon. La mort aussi. Jouons, jouons, tout sera tellement plus beau quand nos os seront devenus poussière, et nos âmes un simple tas de cendre qui aura finit de se consumer. Se consumer. Voilà à quoi nous sommes tous réduits. Naître en attendant la mort. Et puis disparaître, s'effacer, jusqu'à ce que même notre souvenir ne soit plus qu'un lointain et pâle écho vacillant. Et nous sommes tous, constamment, en train de mourir. Jusqu'à ce qu'on le réalise ; à l'instant où nos paupières se ferment pour une douce et terrible éternité. Peut-être est-ce ça, au fond. J'ai vu la mort de trop près, et elle a gardé à jamais une part de moi au creux de ses bras.

« Qu'est-ce qui nous attend, au bout, selon toi ? »


(c) Hamilton
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Ambrose
Ambrose
redlight nightmares
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Dim 27 Aoû - 19:52
Ambrose
LA TÊTE COINCÉE DANS LA MATRICE
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Il n'est pas le seul taré ici, donc? Même s'il n'en montre rien, Ambrose est franchement décontenancé. Cet inconnu, devant lui, a vu la même chose que lui, et a suivi ses visions pour se retrouver là, tout comme lui? Inexplicable. Il se passe des choses étranges ici, et il a le profond sentiment que ça va se compliquer dès qu'ils sortiront de ce putain de tunnel infini. Songeur, Rosie laisse ses naseaux sombres effleurer le sable doux et frais comme un pâle velours. Le silence lourd qui s'installe entre les rires de l'inconnu révèle une tension, ou une frustration infime, quelque chose qu'il n'arrive pas à éclaircir. Et le mystère est encore plus grand avec ce que lui répond le mâle devant lui, même si c'est dit avec de l'humour, comme si c'était rien de grave. Et Ambrose ne se fera certainement pas chier à découvrir ce qu'il cache, il n'en a ni l'envie et ni le besoin. On cache tous des secrets bien enfouis sous des couches et des couches de honte et de tristesse et de colère et bien d'autres choses. Alors autant laisser ces secrets là où ils sont, et de ne pas chercher à tous prix à les déterrer, parce que ça pourrait faire très mal.

Le silence se fait pendant un instant. Juste le temps de se rendre compte à quel point la situation actuelle est loin d'être normale. C'est jamais normal, de toute façon. Fait chier. Et puis l'autre lui pose une grosse colle. Ambrose n'en a aucune foutue idée, de ce qu'il y a au bout. Pourtant il y réfléchit un peu, parce qu'il lui reste de la curiosité, quand même. Qu'est-ce qu'ils vont trouver, quand il verront la lumière du jour?

– J'sais pas. Ça m'étonnerait même pas si on trouvait le pays des merveilles, ou un truc du genre. Ça se trouve c'est, j'sais pas, le gros bordel. Ou pire.

Ou bien le pays dont tout le monde a toujours rêvé, mais ça il y croit moyen. Les miracles, ça existe pas et ça existera jamais, ça sert juste à faire espérer les gens. Et une fois que t'arrives plus à espérer, et bien tu te démerdes. Il sourit, un peu amer, à cette idée. Le pire, c'est la désillusion quand t'as toujours eu de l'espoir. Alors en fait, Ambrose est bien comme il est, à ne plus croire.

– Tu t'appelles comment au fait ? Ambrose pour moi, reprend-il, avec un air désintéressé. Juste pour passer le temps, il est même pas sûr de retenir son nom.

Putain, qu'est-ce que c'est ennuyeux, de marcher dans un tunnel, plongé dans l'obscurité. Rosie se met à shooter dans le sable, juste pour écouter le bruit des grains qui tombent. Il sent le chemin qui monte doucement, et il relève les yeux. Est-ce que c'est un point de lumière qu'il voit au loin? Est-ce que c'est enfin terminé? Ça commençait à f ... Solar. Quoi? Solar. Un mot qui lui vient, comme ça, qui envahit ses pensées. Il ne pense plus qu'à ce mot, tout en se demandant pourquoi il pensait à ça, pourquoi son esprit avait inventé ça. Est-ce que c'est encore une hallucination auditive ou un truc du genre? Solar. Jamais il n'a entendu ça, mais il ne pense plus qu'à ça.
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Hamilton
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Lun 28 Aoû - 3:13
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Flame.
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De nouveau, l'écho s'éteint, et seuls s'entendaient encore les légers sons des pas dans le sable.

« J'sais pas. Ça m'étonnerait même pas si on trouvait le pays des merveilles, ou un truc du genre. Ça se trouve c'est, j'sais pas, le gros bordel. Ou pire. »

Un nouveau sourire dessina un rictus amusé sur mes lèvres. Le pays des merveilles... Je ne sais pas quel genre d'enfer ce serait. Ennuyeux, probablement. Je fermais les yeux, tentant d'imaginer moi-même ce qui pourrait se trouver au-delà des ténèbres. Mais seul le vide répondait à ma question. La mort ? Oh, ce que j'aurais aimé que ce soit la mort, là-bas ! Mais à vrai dire, cela m'importait peu. De toute façon, la mort était partout.

« Tu t'appelles comment au fait ? Ambrose pour moi. »

Comme si ça avait la moindre esquisse d'importance. J'aurais pu lui dire, lui répondre que de toute façon, on était sûrement pas destinés à se revoir, qu'une fois sortis de là on se flanquerait la paix l'un l'autre pour partir faire notre petit chemin. C'était lui, c'était moi, et ce fichu tunnel dans lequel le hasard avait décidé de croiser nos pas. Et voilà. Rien d'autre. Seulement un petit éclat d'existence aussi futile qu'un grain de sable dans un désert, qu'une bulle d'écume dans un océan, qu'un gravier au milieu d'une montagne de rocs. Je ne voulais pas le connaître, pas plus que lui moi, sans doute. Alors un nom, qu'est-ce que c'est ? Vu la tronche du mien, c'est pas vraiment quelque chose de merveilleux. Peut-être que je me souviendrais de ce... Ce... Quoi déjà ? Ah oui, Ambroise. Non, Ambrose. Peut-être. Mais il était tout aussi probable qu'il soit simplement l'autre crétin que j'ai croisé dans un tunnel, un jour. Ou que je l'oublie, tout simplement. Oui, j'aurais pu lui dire. Comme j'aurais pu lui dire que j'aurais tant aimé que ce soit la mort, à l'autre bout. Mais je ne le fis pas. Peut-être que je n'avais simplement pas envie.

« Hamilton... Pour faire court. » finissais-je avec un ricanement.

Le bruit de ses pas se modifia, comme s'il avait changé d'allure. Je compris bientôt qu'il donnait des coups de sabots dans le sable. Il en avait visiblement marre du tunnel. Je me rendis compte que j'avais tourné la tête de côté, comme un réflexe pour tenter de le voir. Avec un ébrouement, je replaçais mon encolure dans son axe habituel. La surprise me fit piler.
Un point blanc. Lumineux. Quelque chose d'autre que l'obscurité ! Alors étais-ce la fin du tunnel ? Je repris ma marche, laissant se bousculer dans ma tête les images de Surprise, de la mort qui m'attendait certainement là-bas. Oh ! Surprise, vais-je enfin te revoir ? Glisser ma joue contre la tienne, enlacer ton encolure, sentir tes crins effleurer mon dos, et ton souffle ? Ou n'as-tu jamais existé que dans mon coeur fourbe à lui-même ? Es-tu encore là ? M'entends-tu, lorsque je soupire ton nom ? La lumière baigne enfin ma robe d'or, chasse l'obscurité qui s'y accrochait. Bien fade lumière. Grisâtre, terne, lointaine. Je n'en frémis que d'un semblant de bonheur plus tenace encore. Mort, mort, es-tu tapie là ? Et toi, Surprise, et toi, tendre amour ?

De nouveau, je m'arrête brusquement. Je secoue la tête, et un rire franc vient franchir la barrière de mes lèvres. Quoi, encore ? Qu'est-ce donc que ces chuchotements qui affluent dans mon esprit ? Ce n'est pas ta voix, Surprise. Ce n'est pas une voix. Pas même un million de voix. C'est... Différent. Quelque chose qui n'a rien à voir avec la réalité à laquelle nous appartenons.

« Je ne sais pas si toi aussi tu entends ça, lançais-je à l'autre, mais j'espère qu'un jour, si ça doit continuer, ça me dira que je vais m'éteindre bientôt. »

Quoi, des échos ? Qu'est-ce que tout cela vient me chanter ? Oh ça, des échos, pour en avoir j'en ai plein la tête. Echos de sons, échos de passé, échos d'être, échos de vie. Mais je sens que ça n'a rien à voir avec tout ce qui résonne en moi. Alors pourquoi est-ce que j'entend ce mot ? Ekko ? Est-ce encore quelque chose que je dois trouver ? Oh, Surprise, ce n'est pas drôle. Je ne chasse pas les trésors. Je suis ici, en cet instant, prêt à te voir, prêt à mourir. Que m'envoies-tu encore quérir ?

Je me tourne vers celui qui aura eut le mérite de me distraire pendant cette longue marche dans les ténèbres. Je suis un peu surpris de son apparence ; sa robe sombre apparaît à peine derrière la boue qui le couvre. Il a l'air épuisé, las, presque malade. Sans doute contraste-t-il violemment avec ma robe aux reflets d'or, mais, à en juger du lieu où nous sommes tombés, je suis sans doute d'apparence plus intrus que lui par ici. L'air a une odeur de poussière, d'ancien. Comme si le temps s'était arrêté. Mais nulle trace de la présence d'un autre équidé. Étions-nous les seuls ? Les premiers crétins à s'être aventurés jusqu'ici ? Mon regard glisse vers le sol. Je ne vois que les traces de mes propres sabots. Étais-je réellement le premier à fouler cet endroit ?

« Si tu veux mon avis, ça n'a rien du pays des merveilles, me moquais-je. Je crois que c'est ici qu'on se sépare. A plus, l'ami. Ou peut-être adieu. J'aurais espéré un adieu. Mais je n'espère plus rien depuis longtemps. Bonne chance à toi ! »

Je lui adressais un sourire, à la fois amical et moqueur, et m'en allais d'un trot vif vers la bande lumineuse à l'horizon. Vers ma mort. Surprise, guide de mes pas, guide de mon âme, tu as scellé dans mon cœur toute cette folie... Et je te bénis pour cela. Petit Hamilton était devenu grand. Petit roi était devenu fou. Et les pièces de l'échiquier étaient remises en jeu. Elles se lançaient dans une valse confuse autour de leur maître, métaphores du tourbillon de ses songes devenus trop sombres, devenus fantômes.


(c) Hamilton


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Ambrose
Ambrose
redlight nightmares
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Mar 29 Aoû - 22:36
Ambrose
LA TÊTE COINCÉE DANS LA MATRICE
la tête coincée dans la matrice ≠ hamilton Pimh

Il entend à peine l'inconnu lui donner son nom, tellement la charge d'informations est importantes. Entre ce putain de mot qui veut rien dire, qui est en train de s'écrire, de se graver, de se coller partout dans sa boîte crânienne, et cette lumière, jamais vu d'aussi douce lumière, tout au bout après la montée, là-bas. Mais il a quand même retenu, il y repensera plus tard. Et il est pas le seul à qui la lumière fait un drôle d'effet. De l'autre devant, il perçoit presque des battements qui résonnent. Un cœur qui s'affole. Il est pas si apathique que ça, finalement, dis-donc. Ça fait vite fait sourire Rosie.

Et le point de lumière s'étire, se dilate, grossit comme une pupille immaculée dans l'obscurité. Et tout passe très vite, après, comme s'il était projeté dehors. La lumière les inonde comme une vague immense. Ses yeux clignent et il voit flou un instant, comme s'il n'avait pas vu la lumière depuis des mois, comme une taupe sortant de sa demeure souterraine. Et putain. Qu'est-ce que c'est que cette merde? C'est quoi ce putain de désert? Tout ça pour crever ici comme des rats efflanqués? Tout ça pour devenir fou jusqu'à manger la cendre par terre? Merde! Putain de merde! Les mâchoires d'Ambrose se serrent violemment, et la panique et la colère lui arrachent un hurlement rageur, et il shoote dans la cendre, il frappe le sol comme s'il pouvait lui insuffler son désespoir et sa fureur. Y a rien. Rien du tout. Juste la folie qui va s'écraser sur lui comme un rocher. Une énorme masse nuageuse presque noire les surplombe, et là-bas, au loin, un rai de lumière qui dessine l'horizon infini. On voit à des kilomètres, tellement c'est plat et vide. Génial, la déco de sapins rachitiques.

Il parvient à se calmer, parce que l'autre lui parle. Hamilton. Tout à l'heure il disait que c'était pour faire court. C'est donc un de ces bourges avec des noms à rallonge? Étonnant, il n'en a pas du tout l'air. Comme quoi. Il est plus grand, plus musclé, et plus vieux que lui. Il a une robe carrément plus joyeuse que son noir maussade et sombre. Une robe tout en or et en soleil. Paradoxal, dis-donc. Il entend des trucs, lui aussi? Il entend Solar? Autre chose?

– Ouais, et ça m'prend la tête, tous ces trucs de merde, là, crache-t-il, alors que la rage fait frémir sa peau.

L'autre le mate vite fait et Rosie lui lance un regard noir. C'est bon, il est en colère là, il réussira pas à se calmer aujourd'hui. Heureusement qu'il se casse, d'ailleurs, parce qu'il n'a jamais réussi à se maîtriser, et ça risque de faire mal. Il le regarde trottiner gentiment vers on ne sait où, et pose ses yeux faire la lumière au loin.

– C'est ça, adieu.

En route vers la lumière de ce pays de merde, de cette cendre de merde, de ces sapins de merde. Cette Zone, là. La Zone des tarés, tiens.

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